top of page
Rechercher
Photo du rédacteurCharbel Jean KORTBAWI DO, MSc.

Acouphènes et ostéopathie

Causes, physiopathologie et apport de l'ostéopathie et la thérapie manuelle dans les acouphènes


Les acouphènes sont des bruits générés spontanément dans la voie auditive, souvent subjectif, dont les origines sont variées et parfois multifactorielles. Leur physiopathologie n’est pas encore entièrement élucidée, mais des avancées significatives ont permis de comprendre certains mécanismes impliqués dans leur apparition. Voici un approfondissement sur les origines et la physiopathologie des acouphènes ainsi que l'apport de l'ostéopathie et de la théraieie manuelle.


1. Origines des acouphènes

Les acouphènes peuvent être classés en deux grandes catégories : les acouphènes subjectifs et les acouphènes objectifs. Chacune de ces catégories possède des mécanismes étiologiques spécifiques.

a) Acouphènes subjectifs

Ce sont les plus courants et concernent la majorité des patients. Ils sont souvent associés à des pathologies affectant le système auditif, bien que d’autres facteurs puissent également contribuer.

  • Traumatisme sonore : Une exposition prolongée ou soudaine à des sons de haute intensité peut endommager les cellules ciliées de la cochlée, qui sont responsables de la transduction des vibrations sonores en signaux nerveux. Une fois endommagées, ces cellules ne fonctionnent plus correctement, ce qui peut entraîner une hyperactivité des neurones auditifs et la perception de sons fantômes.

  • Presbyacousie : La perte auditive liée à l’âge est une autre cause fréquente d’acouphènes. Avec l’âge, les cellules ciliées internes de la cochlée se détériorent naturellement, entraînant une réduction de la capacité auditive et, dans certains cas, la génération de sons parasites dans le cortex auditif.

  • Ototoxicité : Certains médicaments, tels que les antibiotiques aminoglycosides, les diurétiques de l’anse ou encore les agents de chimiothérapie (cisplatine), sont connus pour être ototoxiques. Ces substances peuvent causer des dommages directs aux cellules ciliées de l’oreille interne, provoquant des acouphènes.

  • Dysfonctionnements de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) : Une malocclusion ou une tension excessive des muscles masticateurs peut entraîner des acouphènes. L'innervation partagée entre l’oreille et les structures crânio-faciales via le nerf trijumeau pourrait être un facteur expliquant l'association entre ces dysfonctions et les acouphènes.

b) Acouphènes objectifs

Ces acouphènes sont plus rares et sont souvent causés par des sons réels produits par des structures internes du corps, perceptibles par l’examen clinique.

Ces sons proviennent d’anomalies mécaniques, musculaires ou vasculaires qui produisent de véritables vibrations ou sons captés par l’oreille interne et parfois même audibles par un observateur extérieur. Ces sons peuvent être amplifiés ou modulés par l’anatomie environnante (comme le crâne ou les structures de l’oreille).


acouphènes et ostéopathie
Causes des acouphènes.

2. Physiopathologie des acouphènes

L’apparition des acouphènes résulte d’une altération du système auditif, mais également de la plasticité cérébrale et de l’hyperactivité neuronale au niveau du cortex auditif et d’autres régions du cerveau.

a) Dysfonctionnement des cellules ciliées

Les cellules ciliées de la cochlée, situées dans l'oreille interne, jouent un rôle essentiel dans la transduction des signaux mécaniques (vibrations sonores) en impulsions nerveuses. Lorsqu'elles sont endommagées (par exemple à la suite d’un traumatisme sonore), elles perdent leur capacité à filtrer correctement les sons, ce qui peut entraîner une perte auditive. Cependant, même en l'absence de son externe, les neurones auditifs continuent de générer des signaux, créant ainsi une activité neuronale aberrante perçue comme des acouphènes.

b) Hyperactivité et synchronisation neuronale

Une fois les cellules ciliées endommagées, une réorganisation corticale peut se produire. Les régions du cortex auditif qui recevaient normalement des informations sonores de certaines fréquences sont désormais sous-stimulées. Cela peut entraîner une hypersensibilité des neurones adjacents et une réorganisation maladaptive de la carte auditive du cortex. Cette hyperactivité neuronale et cette synchronisation excessive des neurones dans le cortex auditif sont considérées comme des mécanismes centraux des acouphènes (Eggermont & Roberts, 2015).

c) Désinhibition du système auditif central

Le système auditif comprend des mécanismes d’inhibition qui permettent de filtrer les sons non pertinents. Dans les acouphènes, il est possible que ce système d’inhibition soit altéré, entraînant une augmentation de l’activité spontanée des voies auditives centrales. Ce phénomène de désinhibition pourrait expliquer pourquoi certaines personnes perçoivent des acouphènes sans qu'il y ait de son extérieur.

d) Implication des circuits non auditifs

Les acouphènes ne sont pas simplement liés à des anomalies du système auditif, mais impliquent également des circuits cérébraux non auditifs, notamment les régions responsables des émotions et de l’attention. Les régions limbique(amygdale, hippocampe) et préfrontale sont souvent activées dans les acouphènes chroniques, expliquant le lien entre les acouphènes et des troubles émotionnels tels que l’anxiété, la dépression ou l’insomnie. Ce modèle suggère que les acouphènes peuvent devenir un phénomène centralisé, où le cerveau amplifie les sons perçus par une interaction dysfonctionnelle entre les systèmes auditifs et non auditifs.

e) Interaction somatosensorielle

Certaines formes d’acouphènes peuvent être influencées par des inputs somatosensoriels provenant de la région cervico-faciale. Les nerfs issus des ganglions cervicaux supérieurs et des muscles crânio-cervicaux peuvent moduler l’activité du système auditif. Cette interaction pourrait expliquer pourquoi certaines manœuvres de la tête, du cou ou de la mâchoire exacerbent ou soulagent les acouphènes. Cela ouvre une voie de prise en charge par des techniques manuelles, comme l’ostéopathie.


3.Traitements conventionnels des acouphènes

Il n'existe pas de traitement curatif unique pour les acouphènes, mais plusieurs approches visent à soulager les symptômes :

  • Thérapie sonore : L’exposition à des bruits blancs ou naturels peut masquer les sons perçus et améliorer la qualité de vie des patients.

  • Médicaments : Les anxiolytiques et les antidépresseurs sont souvent prescrits pour réduire l’anxiété et la détresse associées aux acouphènes.

  • Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : Ces interventions ont démontré leur efficacité pour améliorer la tolérance aux acouphènes et réduire l’impact psychologique.


4.Apport de la thérapie manuelle et de l’ostéopathie dans la prise en charge des acouphènes

L’ostéopathie et la thérapies manuelle peuvent offrir une approche complémentaire dans la gestion des acouphènes, en particulier lorsqu’ils sont associés à des dysfonctions somatiques et musculo-squelettiques. Des études ont montré que certaines formes d'acouphènes peuvent être liées à des tensions musculaires ou à des restrictions de mobilité au niveau du cou et de la tête ainsi qu'au niveau d'articulation temporo-mandibulaire.

L'ostéopathie peut jouer un rôle en :

  • Prise en charge des dysfonctions cervicales et musculaires: Les dysfonctions de la colonne cervicale, comme des raideurs ou des blocages, peuvent influencer les acouphènes.

  • Prise en charge des dysfonctions temporo-mandibulaires (ATM):

    Les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) sont fréquemment associés aux acouphènes. Les tensions musculaires et les déséquilibres de cette articulation peuvent perturber la zone crânienne et auditive.

  • Éducation thérapeutique du patient.


Efficacité de l’ostéopathie dans le traitement des acouphènes

Une revue systématique par Sharma et al. (202q) a mis en évidence que les traitements manuels de thérapie manuelle peuvent aider à diminuer l’intensité des acouphènes, en particulier chez les patients présentant des tensions musculo-squelettiques associées.


Conclusion

Les acouphènes résultent d'une interaction complexe entre des facteurs périphériques (traumatismes auditifs, dysfonctions somatosensorielles, troubles vasculaires) et des mécanismes centraux impliquant la plasticité neuronale, l'hyperactivité corticale et l'implication des circuits émotionnels. La physiopathologie des acouphènes met en lumière la complexité du système auditif central et son interaction avec d'autres régions du cerveau, ce qui explique en partie la difficulté à traiter efficacement ce trouble. La prise en charge des acouphènes nécessite donc une approche multimodale, intégrant à la fois des stratégies médicales, comportementales et manuelles, telles que l’ostéopathie, pour atténuer l'impact de ce symptôme invalidant.






Charbel-Jean Kortbawi DO, MSc.

Ostéopathe à Paris 16

Master 2 Neurosciences du mouvement

Diplôme Universitaire Gestion de douleur chronique

Diplôme Universitaire Douleur et motricité humaine

Diplôme Universitaire Anatomie clinique et imagerie

7 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page